Suite du feuilleton ...
D'avant 1900, il n'y avait qu'une photo. Un mauvais pli l'avait esquintée par le travers : la balafre mordait le bas de son visage à lui, la moustache à la gauloise et le trois-pièces sombre. Dans la main droite il tenait un chapeau melon. La jeune épousée était tout de blanc vêtue, des chaussures basses à talon plat au diadème qui retenait le voile sur les cheveux et au bouquet qu'elle tenait fièrement devant elle, à la taille. Au dos, on avait porté la date à l'encre bleue : 6 mai 1899, le jour de son mariage avec Marguerite. Lui était tout juste majeur et elle avait trois ans de moins.
Plus loin dans le temps que cette photo, il n'y avait que ses souvenirs pour évoquer le bisaïeul, Ange, qui, au milieu du siècle précédent, avait été pierreux à Trossy où les carrières ne manquaient pas. Il l'avait entendu parler du travail en souterrain chez Chapotelle mais c'est à ciel ouvert, à la Bigorne, qu'un matin d'été, en sa douzième année, son père l'avait emmené « faire sa journée » pour la première fois.
(à suivre...)