L'histoire de Georges...
Ange, le pierreux
Je ne vis pas la semaine passer. La journée, je n'en finissais pas de découvrir la carrière, l'extraction, la taille, le bardage, la forge… même le terrassement. Je regardais de tous mes yeux, il y en avait partout, dans les deux carrières. J'adorais, quand je devais emprunter le chemin du haut, regarder tout ce monde en contrebas. Je sentais bien qu'il se passait là quelque chose de miraculeux : comme si l'on inventait le monde. En rentrant, je tombais comme une masse sur le lit, je m'endormais sans souper, je prenais juste la peine d'enlever mes chaussures. Il fallut attendre le vendredi pour que je trouve le courage de donner un coup de main au jardin.
Le dimanche, on alla chez grand-père à Cramoisy. Il me prit les mains, « Montre-moi ça ! » Il eut un sourire en découvrant quelques entailles, un sparadrap autour d'un doigt, un petit hématome au poignet : « Le métier qui rentre ! » Lui avait passé l'essentiel de son temps ici, à la carrière du Château, en souterrain. Mais il avait démarré avec son père, Ange. Le prénom me remplissait d'émerveillement. Il fallut attendre la fin du repas pour que grand-père ouvre l'album. Il se bourra une pipe, s'installa dans le fauteuil et, prenant mon père à témoin, il replongea dans l'histoire de la famille.
(à suivre...)