DEUX AMIS
Deux amis
Ils arrivèrent le 1er novembre. Le samedi 1er novembre dans l'après-midi.
Le vieux Renault jaune se gara devant le château. La porte pliante à deux vantaux s'ouvrit et le chauffeur descendit. Il serra la main du maire adjoint et grimpa, par la petite échelle fixée à l'arrière, sur la plate-forme où s'entassaient les bagages. Dans le car, enfoncés dans les fauteuils, se tenaient une cinquantaine de gamins. Des enfants de mineurs, dont beaucoup de Polonais. Parce que là-bas, dans le nord, la grève était très dure. Quand les soldats étaient intervenus pour occuper les fosses, il y avait eu des bagarres, des arrestations. Les mineurs ne touchaient plus un centime, ils ne pouvaient compter que sur les comités de soutien. C'est l'Union des femmes françaises et le Parti communiste qui avaient eu l'idée de ce voyage.
Les enfants nous regardaient vaguement inquiets, avec un peu d'effarement dans les yeux des plus petits, ils ne lâchaient pas la main des aînés. Les familles repartaient avec leurs protégés. Ils avaient tous de grosses valises fermées par des ceintures.
(À suivre...)