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HISTOIRES DE VIES
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7 août 2011

Feuilleton, suite

Les autres l'écoutaient, attentifs, me faire la leçon. Jusqu'à ce qu'Ernesto lui coupe la parole : « Oublie pas de lui dire que c'est nous qui vous avons appris le métier ! » Fausse colère de grand-père et éclat de rire général. Pour réconcilier tout le monde, papa remonta de la cave une bouteille de goutte, « Et celle-là, elle a beau ne pas être italienne, vous allez voir : c'est à vous damner ! » Après des clappements de moellonslèvres admiratifs, grand-père m'expliqua. Quand ils étaient arrivés, après la guerre, les Italiens avaient apporté d'autres façons de tailler la pierre. Dans la famille d'Ernesto, par exemple, il y avait au moins trois générations de carriers. « On est d'Albiano, c'est un gros village de la région de Trente, dans le Nord. La plus grande carrière de porphyre du pays ! C'est une pierre rouge, dure, qui se sculpte ou se taille pour faire des dallages. » Leur truc, c'était le « bosselage » : le moellon est travaillé au grain d'orge, un taillant spécial à dents pointues qui enlève pas mal de matière mais de façon un peu grossière. « Evidemment, ricana papa, avec eux il faut que ça aille vite ! » Mais Julio prit la relève de son frère : « En tout cas, nos finitions bossagées partaient comme des petits pains et il fallait quand même trouver le temps de ciseler les quatre arêtes du parement ». Ça, je le savais : on aplanissait la surface à la boucharde, un marteau dont la tête était munie d'une série de petites pointes pyramidales qui donnaient un aspect piqueté au moellon.

 

(à suivre...)

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