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HISTOIRES DE VIES
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17 avril 2011

L'HISTOIRE DE GEORGES (suite)

Le jour où la ville a disparu

Ce que j'ai peiné sur le retour ! Ça grimpait de bout en bout jusqu'à Saint-Leu. Je n'étais pas habitué aux trois vitesses de l'Hirondelle, je cafouillais avec le dérailleur. Papa fit une halte chez Gueurs, pour se racheter du scaferlati et boire un verre. Moi je pris la côte, passai le Pont des Morts et filai tout droit à la baraque. Maman et Josette devaient être en courses. Je me jetai tout habillé sur le lit.
« La baraque » car nous logeons dans des baraquements, place de l'église, à Saint-Max, dans la cité Gabriel Péri. Il y a d'autres cités ici : la cité du chantier de bois, la cité Marcel Philippe… Parce que, du Saint-Max où je suis né, il ne reste rien. Et si je suis encore ici, c'est aux carrières que je le dois…

Au début 44, on sentait que quelque chose allait se passer. Les Allemands étaient de plus en plus nerveux. Ils avaient installé dans les carrières de Saint-Leu des caves de montage et de stockage de V1, ces fusées autoguidées qui faisaient des dégâts considérables en Angleterre. Ils travaillaient sur un modèle plus perfectionné, les V2. Les pièces détachées arrivaient à la gare du Petit Thérain et les engins, une fois montés, partaient de nuit dans des camions vers les rampes de lancement de Normandie et du Pas-de-Calais. Les Alliés, bien renseignés par la Résistance, entreprirent de les détruire. Il y eut un premier bombardement en mars. Toute la population de Saint-Max se réfugia dans les carrières, chez Civet, chez Fèvre, chez Daubin, partout… On s'était organisé, on avait apporté des cuisinières à bois et une batterie de récipients. Mme Bowman dirigeait la manœuvre. Sur un brasero elle avait installé un immense faitout dans lequel, interminablement, cuisait de la soupe : rutabagas, topinambours, pommes de terre, choux… tout ce qu'on pouvait glaner était bon pour « avoir du chaud dans le ventre ». Dans la journée, on faisait du bois.0088_IMG On allait chercher de l'eau aux puits les plus proches. Le soir, on allumait les lampes à carbure.
La fin de la guerre approchait, on était en juin et les Allemands se préparaient à partir : à la Kommandantur, au château de Laversine, ils faisaient les cartons. Arriva le 4 juillet…

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